Une oeuvre à Prague de David Černý en soutien au peuple ukrainien

Attention, cette oeuvre a depuis retrouvé sa couleur rose d’origine.

David Černý, c’est l’artiste plasticien et contemporain emblématique de Prague ! Au cours de votre séjour, vous verrez obligatoirement l’une de ses oeuvres que ce soit le cheval renversé du passage Lucerna, la tête de Kafka en plein centre ou les bébés géants de l’île de Kampa. Au total, près d’une quinzaine d’oeuvres très photogéniques qui, bien que controversées, plaisent autant aux locaux qu’aux touristes. Et il y a fort à parier que ces oeuvres seront toujours là dans 50 ans ! Je ne connais pas de ville où un artistes contemporain est si omniprésent !

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Pour en savoir plus sur David Černý, consultez cet article qui liste ses oeuvres visibles à Prague. Elle constituent un fil rouge intéressant pour une jolie balade dans la ville.

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Les Ukrainiens représentent la première communauté étrangère du pays (devant les Slovaques et les Vietnamiens). Ils sont près de 200.000 à vivre sur le territoire tchèque. Un chiffre qui devrait considérablement augmenter suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En effet, outre l’avantange de parler une langue slave et d’avoir peut-être des connaissances dans le pays, les réfugiés ukrainiens pourront rapidement intégrer un marché du travail tchèque qui manque cruellement de main d’oeuvre et recevront un accueil chaleureux de la part d’une population tchèque extrêmement solidaire, elle qui a connu en 1968 une occupation soviétique.

Très symbolique, une oeuvre de David Černý, repeinte aux couleurs de l’Ukraine, fait aujourd’hui le lien entre la répression du Printemps de Prague en 1968 et l’invasion de l’Ukraine en 2022 plus de 50 ans plus tard.

David Černý a commencé sa carrière artistique en 1991 en repeignant illégalement, alors qu’il était étudiant, un tank soviétique en rose place Kinský à Prague 5. La place Kinský s’appelait depuis 1945 « place des équipages des tanks soviétiques ». On y trouvait un tank comme « monument ». Un monument honni à partir de 1968 et la répression du Printemps de Prague par les troupes du Pacte de Varsovie qui allait déboucher sur vingt ans de « normalisation ».

Suite à son intervention artistique du printemps 1991, David Černý sera incarcéré quelques semaines pour hooliganisme. Avoir repeint en rose ce tank qui, sur son piédestal de 5 mètres, rendait hommage à la libération de la ville par l’Armée rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ne plaisait pas à tout le monde. Après des protestations officielles du gouvernement russe, le tank sera repeint en vert… Avant que 15 parlementaires, protégés par leur immunité, ne le repeignent en rose à nouveau pour protester contre l’arrestation de l’artiste ! Černý sera libéré et le tank, repeint plusieurs fois entre temps, est aujourd’hui dans le musée militaire de Lešany. 

Aujourd’hui, il ne reste qu’une petite partie du tank. En effet une sculpture rose intitulée « Cent grammes de char » a été réinstallée brièvement en 2008 pendant le conflit russo-géorgien. Suite à une décision politique, l’oeuvre a été retirée avant d’être réinstallée (définitivement ?) mais de couleur verte cette fois, en 2018 à l’occasion du cinquantenaire de l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie.

Une sculpture aujourd’hui repeinte en … jaune et bleu par des amis de l’artiste suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie !

Où voir cette œuvre ?

Náměstí Kinských

Un autre artiste tchèque, ChemiS (de son vrai nom Dmitry Proshkin, un des meilleurs artistes de rue tchèques), a aussi réalisé à Prague une superbe fresque en hommage aux victimes ukrainiennes de l’invasion russe. Cette oeuvre se trouve dans le quartier de Nusle à Prague 4 (rue Mojmírova). La petite fille protège symboliquement le reste de l’Europe et du monde : Obélix pour la France, Maya l’abeille pour l’Allemagne, Krtek pour la République tchèque, Gromit pour le Royaume-Uni et même Mickey Mouse pour les États-Unis…