La photographie à Prague : les musées, les grands noms et les meilleurs spots pour vos photos

Prague est très photogénique ! Vous vous en rendrez vite compte. D’ailleurs, de grands noms de la photographie sont tchèques. Parmi mes préférés, Drtikol, Sudek, Tichý ou Koudelka. Si vous êtes amateurs de photo, vous trouverez à Prague quelques musées ou galeries intéressants. Je vous conseille enfin en exclusivité dans cet article les meilleurs spots pour prendre vos photos (peut-être grâce à un appareil acheté sur place !)

1-Quelques musées et galeries intéressants

La Maison de la Photographie

La Maison de la Photographie dépend de la Galerie de la ville de Prague (G HMP) et se trouve rue Revoluční à deux pas de la place de la Vieille-Ville. La vocation de cette institution est toute simple : présenter le travail de photographes tchèques et du monde entier.

Maison de la photographie (Dům fotografie)
Revoluční 5

L’atelier de Josef Sudek

L’atelier de Josef Sudek est à découvrir ! C’est un petit espace (61 m2) dédié à l’art photographique. Il donne sur un petit jardin dans le très authentique quartier de Mála Strana. Sudek (voir les grands noms plus bas) s’est installé là en 1927. Après la fermeture du studio au début de la Seconde Guerre mondiale, le photographe commence à le considérer comme une source d’inspiration et le photographie.


C’est à travers la vitre de l’atelier que Sudek a pris ses photos les plus célèbres


Sudek photographie tout le temps et en toute saison tant l’atelier que le jardin. De célèbres photos sont prises à travers la vitre de l’atelier : séries The Window of my studio (1940-1954) ou Still life on the window of my studio (1950-1958). C’est comme si rien n’avait bougé dans cette très calme petite cour d’immeuble (même si suite à un incendie en 1985, le studio a été reproduit à l’identique en 2000). Quand Sudek a acheté le studio, son vendeur l’a averti que personne ne viendrait lui rendre visite, « c’est exactement pourquoi je l’achète » lui répondit l’artiste. En effet, c’est un endroit secret où vous ne croiserez aucun touriste. Prix d’entrée symbolique (10 CZK soit 0,5 EUR).

Atelier de Josef Sudek 
Újezd 30

La galerie Josef Sudek

La galerie Josef Sudek se trouve quant à elle près du Château dans une maison où Sudek vécut de 1959 à sa mort et qui dépend aujourd’hui du Musée des arts décoratifs. De cette maison, lieu de rencontre des artistes de l’époque, Sudek pouvait facilement rejoindre jardins et parcs qu’il affectionnait tant. Aujourd’hui, on y expose l’oeuvre du photographe mais aussi celles des photographes tchèques de l’entre-deux-guerres. Là encore prix d’entrée dérisoire : 40 CZK (soit 1,5 EUR).

Galerie Josef Sudek
Úvoz 24

Enfin, chaque année se tient Czech Press Photo, une compétition dont les lauréats et leur oeuvres sont présentés pendant six mois (de février à juillet) au Musée national.

Les meilleurs spots pour vos photos à Prague

Si vous aimez prendre des photos, sachez que Prague est très photogénique. Voici quelques spots où vous pourrez prendre de superbes photos.

Tout d’abord, prenez de la hauteur. Du parc de Letná, à hauteur du restaurant Letenský zámeček, vous pouvez descendre par un petit chemin d’où vous pourrez photographier la rivière et son enfilade de ponts (terrasse prévue à cet effet). Plus à l’ouest, dans le parc de Petřín cette fois, partez du restaurant Nebozízek (le funiculaire y fait halte) et orientez-vous vers la droite quand vous êtes face à la rivière. Juste avant de passer le fameux Mur de la faim et d’arriver aux jardins Kinský, superbe vue sur le Château de Prague !


Prague est une ville de collines offrant de magnifiques points de vue


Autres parcs intéressants avec un panorama à couper le souffle : la colline de Parukářka (vision panoramique et belle vue sur la Tour de télévision de Žižkov et Prague 3) ou le parc de Vinohrady (vue sur le Musée national et le Château). Enfin, belle vue panoramique là encore de la colline de Vítkov au pied de l’incroyable statue équestre de Jan Žižka dont vous vous souviendrez !

Si vous ne voulez pas monter sur une colline ou vous promener dans un parc (ce qui serait dommage), allez boire un café à l’hôtel U Prince (son rooftop offre une des plus belles vues sur les toits de la Vieille Ville). On y prend des photos dignes d’un grand magazine !

Mon île préférée, l’île des archers (Střelecký ostrov) offre enfin de sa pointe nord une superbe vue sur le Pont Charles.

3- Où acheter un appareil photo à Prague ?

Si vous souhaitez acquérir un vieil et bel appareil, Prague est la ville qu’il vous faut. Vous trouverez des appareils, souvent de fabrication russe, dans les nombreux magasins d’antiquités de la capitale tchèque mais il faut fouiller et avoir le temps. Pour trouver ce qu’il vous faut, deux adresses et deux références à quelques mètres l’une de l’autre et à deux pas de la place Venceslas : Foto optika Jan Pazdera dans le passage U Novaků (bijou Art nouveau à Prague) mais aussi Centrum FotoŠkoda en face, la référence et le plus grand magasin d’appareils photo du pays.

Foto optika Jan Pazdera
Vodičkova 28

Centrum FotoŠkoda
Vodičkova 37

5- Quelques grands noms de la photographie tchèque

František Drtikol

František Drtikol (1883-1961) fait partie de mes photographes préférés. Il est considéré comme le père de la photographie tchèque moderne. L’artiste, maître de l’ombre et de la lumière et d’une grande richesse de styles (Art nouveau, futurisme, cubisme, constructivisme ou abstraction), a accédé très tôt à une renommée internationale. Marié un temps à une danseuse, l’expression du mouvement est très présent dans sa photographie avec des décors souvent faits de formes géométriques simples qui accentuent la tension du corps entre deux mouvements. Ses nombreux nus féminins et symbolistes contribueront à son succès tant à Prague qu’à l’étranger avec des tirages parfois confisqués à la douane…


Des nus féminins à l’expression toujours aussi moderne


Drtikol a aussi été le portraitiste le plus renommé de Prague. De nombreuses personnalités (dont les présidents tchécoslovaques) ont défilé dans son studio. Dès 1935, il abandonne la photo pour la peinture et lègue son oeuvre au Musée des Arts Décoratifs de Prague. Empreint de mysticisme, il trouve une autre lumière avec le bouddhisme et la méditation (il a vécu une sorte de réveil spirituel à la fin des années 20 au milieu de la foule de la place Venceslas !) Une évolution spirituelle qui entre quelque peu en contradiction avec son soutien affiché au communisme jusqu’à la fin de sa vie…

Josef Sudek

Josef Sudek (1896-1976) est un autre de mes photographes préférés et un autre grand nom du 20ème siècle. Je vous conseille vivement les deux lieux de visite praguois qui lui sont consacrés mentionnés plus haut (atelier et maison de Mála Strana).


Visitez dans le plus grand calme son atelier et sa maison de Mála Strana


Revenu de la Grande Guerre amputé du bras droit, Josef Sudek se consacre à la photographie d’art grâce à sa pension d’invalidité. C’est pendant la Seconde Guerre mondiale qu’il photographie Prague, les forêts de Bohême mais surtout la fenêtre de son atelier qui donne sur un petit jardin (célèbre série « Depuis ma fenêtre« ). Surnommé le « poète de Prague », Sudek était un grand timide n’apparaissant jamais à ses vernissages et photographiant peu les gens.

Miroslav Tichý

Miroslav Tichý (1926-2011) est un photographe tchèque qui avait la particularité de fabriquer lui-même ses appareils, objectifs et développeurs à partir de divers objets (boîte de conserve, verre optique, sparadrap ou carton). Il retouchait aussi ses photos au crayon, comme Jan Saudek, autre photographe tchèque de renom dont je suis moins fan. Peintre de formation, rebelle né, Tichý avait tout envoyé balader après le coup de Prague de 1948 et l’arrivée des communistes au pouvoir avant de s’orienter vers la photo dans les années 70. Comme d’autres artistes, il s’était retiré du monde. Sans le sou (hirsute et habillé de guenilles), il achetait comme pellicule des films de 60 mm qu’il coupait en deux. Comme pour ses peintures, son modèle exclusif est féminin. Des femmes qu’il aborde dans les rues de Kyjov, sa ville natale en Moravie-du-sud, ou à la piscine. Tichý s’était fixé des objectifs : prendre tant de clichés par jour, tant de clichés sur une période de cinq ans etc… Une fois ces obsessions « documentaires » atteintes, il a arrêté la photo au début des années 90.


Fou, pervers ou artiste génial ?


Cela explique aussi ses photos « volées » mais exemptes de tout voyeurisme. Dès qu’il croise un modèle qui lui plaît, il sort son appareil de sous son manteau et photographie sans même regarder dans le viseur. Le résultat (des milliers de photos) est souvent mal cadré, sous-exposé, peu net, et Tichý passe dans son village au mieux pour un fou, au pire pour un pervers. Au crayon toutefois, il dissimule ensuite souvent pudiquement ce qui lui semble trop dévoilé. Son travail, d’une grande sensualité, est découvert à la fin des années 90 alors qu’il refuse toute publicité et une grande exposition lui a été consacrée à Paris par le Centre Pompidou en 2008.

Josek Koudelka 

Josek Koudelka (1938), le dernier de mes photographes préférés, est un photographe français d’origine tchèque. Ingénieur de formation, ses premières photos ont pour modèle des individus qui semblent en décalage dans le monde dans lequel ils évoluent comme les Gitans de Tchécoslovaquie qu’il suit jusqu’en 1970 avant de s’intéresser à ceux de Roumanie. Des images d’une belle composition mais aussi d’une rude authenticité, le photographe-nomade partageant la vie de ses sujets. Mais c’est surtout pour ses photographies risquées en 1968 de l’invasion des troupes du pacte de Varsovie et de l’écrasement du Printemps de Prague qu’il est le plus connu. Réveillé par une amie à 3 heures du matin le 21 août 1968, il photographie l’entrée des chars à Prague.


Le photographe de l’invasion soviétique de 1968


Des photographies publiées un an plus tard aux Etats-Unis par l’agence Magnum qui lui vaudront le prix Robert Capa (il signe alors anonymement son travail avec « P.P. » pour « Prague Photographer »). En 1970, il quitte la Tchécoslovaquie, devient apatride et s’exile en Angleterre jusqu’en 1979 tout en continuant son travail sur les Gitans. Koudelka intègre l’agence Magnum en 1971 et devient ami avec Cartier-Bresson et ce n’est qu’en 1984 que ses photos de l’invasion de 1968 sont enfin publiées sous son nom. Plus tard, il préfère photographier les paysages profondément marqués voire dévastés par l’activité humaine grâce à un appareil panoramique. Naturalisé français, il ne retourne à Prague qu’en 1990 après vingt ans d’exil mais reste un citoyen du monde toujours en mouvement.

Antonín Kratochvíl

Antonín Kratochvíl est un photojournaliste de renommée internationale né en 1947. Ayant lui aussi fui le communisme pour s’exiler en Europe en 1967, Antonín Kratochvíl a successivement vécu dans un camp de réfugiés, en prison et au sein de la Légion étrangère française avant d’étudier la photo à Amsterdam. En 1972, nouvel exil aux États-Unis où il fait carrière dans le photojournalisme et la photographie de guerre travaillant pour de célèbres journaux et magazines américains tels que Rolling Stones, New York Times Magazine, Newsweek, Geo, Playboy ou Vogue. Il est le lauréat de nombreux prix venus récompensés son travail documentaire.

Vous trouverez beaucoup de belles monographies de ces artistes à la boutique du Palais des expositions, le beau bâtiment fonctionnaliste qui abrite depuis 1995  les collections de la Galerie nationale, juste à côté de l’hôtel Mama Shelter.

2 Comments

  1. Bonjour,
    Mon mari et moi sommes rentrés cette nuit de Prague où nous avons passé 5 jours de rêve à Prague, en partie (très grande) grâce à vous puisque notre séjour a été préparé à 98% sur vos conseils! Merci donc grandement . Si j’écris ici, c’est pour signaler que la Galerie Nikon a fermé en Mai 2019…. Zut pour nous! Quant à la galerie de la ville de Prague, l’expo actuelle est très particulière mais là encore, tout est affaire de goût et les prix sont très accessibles même pour dire que l’on n’aime pas! Enfin, cela va être les 30 ans de la Révolution de velours et des expos ont commencé déjà et de nouvelles arrivent dès la semaine prochaine!
    Merci encore pour tous les renseignements, astuces…Nous avons fait des kilomètres par habitude (c’est ainsi que l’on « connait » une ville, en reconnaissant des lieux et en les comparant les uns aux autres) mais nous avons apprécié les transports en commun et leurs prix! Enfin, nous sommes allés changer nos euros à Exchange 8 (Zatecka 8) 1 Euro pour 26 Couronnes et une très bonne adresse pour manger juste à côté, plus sympa en début de service le midi qu’à 13 heures mais bon tout le temps! Beaucoup d’autres adresses confirmées….

    1. Bonjour et merci Frédérique pour votre message et votre confiance ! Et un grand merci également pour la précision sur la galerie Nikon, info qui m’avait échappé ! C’est grâce à de petits retours comme me vôtre que je peux aussi tenir à jour les bonnes infos données sur Prague Secrète. Et je suis tout à fait d’accord avec vous : Prague se découvre à pied mais avec des transports publics toujours ponctuels, non stop (du moins pour les trams et bus) et qui desservent toute la ville jusqu’à la campagne environnante ! Bien à vous,

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