Ma rando nature de 3 jours dans la Šumava tchèque !

À l’invitation de Czech Tourism, j’ai eu la chance de pouvoir randonner 3 jours au mois de mai dans le très joli parc national de la Šumava (site officiel ici). Situé en Bohême-du-Sud, ce parc national est une destination parfaite pour des vacances actives !

La Šumava est une chaîne de moyenne montagne de type vosgien réunissant collines et vastes plaines. Il s’étend sur à peu près 140 km le long des frontières allemande et autrichienne. Classée parc national en 1991, c’est le plus grand parc national de la République tchèque (70 000 ha). La nature y est superbe et relaxante et les randonnées à faire très nombreuses avec 1 500 km de sentiers ! Des balades tout à fait adaptées aux familles et que je recommande si vous voulez passer quelques jours loin de l’agitation de Prague. L’occasion, pour les amoureux de la nature et des grands espaces, de découvrir autre chose que les monuments de la capitale tchèque où se pressent quotidiennement des milliers de touristes. Pour moi, cette randonnée a vraiment été une super expérience en compagnie de ma fille.

Nous avons adoré nous retrouver pratiquement seuls dans cette immensité verte. D’ailleurs, on surnomme la Šumava « le coeur vert de l’Europe ».

Dans cet article, je vais vous présenter le petit parcours suivi sur 3 jours dans cette forêt de Bohême classée Réserve de Biosphère de l’UNESCO qu’on appelle aussi parfois « poumon vert de l’Europe ». Je vais vous indiquer aussi comment organiser très facilement en train cette escapade au départ de la gare principale de Prague.

Jour 1 Špičák – Keply (22 km)

Rejoindre le parc naturel de la Šumava en train est chose aisée depuis Prague. Il vous faudra acheter un ticket pour Železná Ruda-Alžbětín. Au cours du voyage, il y aura une correspondance dans la petite gare de Klatovy et le trajet durera 3h30.

Je vous conseille de prendre un train à 7h ou 8h du matin depuis Prague, histoire de profiter pleinement de la première journée !

Adressez-vous au guichet et achetez votre billet. Ce dernier, comme souvent en République tchèque pour les voyages en train, est bon marché : 560 CZK l’aller-retour soit 22,4 EUR. Il est à noter aussi que vous pouvez louer un vélo à Prague et le mettre dans le train. Ce n’était pas une sortie vélo pour ma part, mais après cette première expérience rando, je compte bien découvrir la Šumava à vélo la prochaine fois !

Attention, à l’aller, vous ne descendrez pas à Železná Ruda-Alžbětín mais juste avant, à la gare de Špičák. Špičák est un petit village de moins de 200 âmes mais aussi une montagne culminant à 1 202 mètres d’altitude et où se trouve une petite station de ski où je me suis promis de retourner en hiver. Les possibilités de logements y sont nombreuses et variées même si en République tchèque il faut toujours réserver très tôt un séjour à la montagne (les meilleurs hôtels sont ici).

Après un voyage sans encombre, nous sommes arrivés vers 10h. Après un petit café en terrasse à la gare de Špičák vers 10h en compagnie de Mme Kolářová de l’Office de tourisme local et un examen rapide de la carte, on s’est donc mis en route. Plutôt qu’une carte d’ailleurs, j’utilise l’application maps.me que je vous conseille grandement car elle répertorie les moindres petits chemins de traverse (de même qu’une carte en ligne indiquée plus bas). Après avoir contourné la gare, nous nous sommes orientés vers la gauche en prenant soin de suivre sentier touristique jaune.

Après une courte ascension de 3-4 km, nous sommes arrivés au joli lac Čertovo jezero (« lac du Diable »). Selon la légende, le Diable s’y serait en effet noyé !

Alors que la vile créature voulait entraîner en Enfer une jolie jeune fille, cette dernière aurait eu la bonne idée d’attacher une pierre à sa queue, l’attirant par 36 mètres de fond ! Diable ou pas, Čertovo jezero est un lac d’origine glaciaire de 250 m de long sur 150 m de large entouré de magnifiques épicéas. Un cadre idyllique pour une première petite pause et une jolie photo.

On a ensuite suivi le sentier touristique rouge cette fois jusqu’au lac Černé jezero (« lac noir ») situé à un petit kilomètre au nord-ouest de Čertovo jezero. Sa couleur noire vient du reflet des forêts environnantes. Mais de décembre à avril, il est plutôt blanc car le plus souvent gelé. Un lac également un peu spécial car le plus grand et le plus profond (40 m) des lacs tchèques (il y a très peu de lacs en République tchèque, à la différence des étangs). Le lac Černé jezero est à moins d’un kilomètre de la frontière allemande et, comme au lac précédent, on ressent une grande quiétude en admirant ses eaux miroitantes.

Nos pas nous ont ensuité guidés vers Špičácké sedlo (974 m) où passe la route 190. S’y trouve aussi l’hôtel Karl où l’on peut se restaurer et un parking. Špičácké sedlo est en effet le point de départ de nombreuses randonnées et c’est là que les marcheurs laissent leur véhicule avant de s’élancer sur les sentiers. Nous avons préféré déjeuner un peu plus loin et c’était une très bonne idée que de faire ces 2,6 km supplémentaires (sentier rouge toujours) ! En effet, au-dessus du grand complexe hôtelier Orea Resort Horizont qui était encore désert à cette période de l’année (je l’imagine beaucoup plus vivant quand la saison bat son plein été comme hiver) se trouve un petit chalet.

Construit en 1923 par le Club des touristes tchèques, le joli chalet Pancíř est au sommet de la montagne du même nom (1214 m d’altitude) et offre un superbe panorama !

D’ordinaire, c’est un vieux télé-siège de 1970 qui conduit là-haut et à ce restaurant avec tour d’observation mais le jour de notre passage le télé-siège ne fonctionnait pas. Qu’importe, on est montés à pied au milieu des sapins et des hêtres et pris un déjeuner bien mérité en terrasse sous un très joli soleil ! Nous étions les seuls clients (vraiment, voyager hors saison a du bon !) La vue de la terrasse est exceptionnelle sur les montagnes environnantes. Par beau temps, on peut voir jusqu’aux sommets des Alpes (Dachstein, Watzmann) distants de 190 km… N’oubliez pas de prendre une jolie photo avant de partir !

On a ensuite suivi le sentier NS Sklářská jusqu’à Nový Brunst rozcestí. Là, on a continué via le sentier jaune vers Nad Brunstem, Rudská silnice, Zhůřský potok pour finir à Zhůří. La très jolie rivière Křemelná y dévale et serpente au milieu d’étendues d’herbe grasse. Impossible de se perdre ! Il n’y a toutefois pas grand monde auprès de qui s’informer (on ne croisera qu’un randonneur dans ce coin-là équipé pour bivouaquer). Pour vous orienter sans peine, je vous conseille quand même cette page avec carte en ligne (grossissez la carte à partir du point rouge et Zhůřský potok), cela vous permettra de voir très précisément le sentier jaune et l’itinéraire suivi. Ce dernier offre une belle vue sur le canyon de Křemelné et la zone de la plus haute protection du parc naturel.

Enfin, on a suivi sentier bleu à travers la réserve naturelle Pod Hadím vrchem jusqu’à Keply (même chose, grossisez la carte à partir du point rouge et vous verrez le sentier bleu qui file au nord jusqu’à Keply). Le sentier passe à travers des mouillères et de rares zones humides et il faut parfois faire preuve d’ingéniosité pour ne pas se mouiller les pieds ! 😂 Nous sommes arrivés vers 19h à l’écoferme où nous devions passer la nuit sans savoir si on pourrait s’y restaurer. Après une petite frayeur, la gérante nous a finalement préparé un petit quelque-chose à manger. Mais en raison de cette petite incertitude, je préfère vous suggérer Penzion Stará Vápenka près de 3 km plus au nord car cette magnifique pension fait aussi restaurant.

Jour 2 Keply – Hartmanice – Jiřičná (19,5 km)

Après un petit-déjeuner sur les coups de 9h, on a attaqué cette deuxième journée de randonnée par une chouette balade matinale de plus de 13km. On a emprunté le sentier vert marqué NS Farmářská. Quelques maisons, des prés verdoyants où paissent de nombreuses vaches, un paysage très vallonné mais pas trop… Un environnement très agréable et le paradis des VTTistes ! (la route cyclable 2079 suit le même itinéraire). Nous ne croiserons qu’un couple à vélo ce matin-là mais, là encore, je me suis dit que je reviendrais bien y faire du vélo la prochaine fois !

On est d’abord passé à Kochánov et là encore régnait un calme absolu. Il faut dire que si Kochánov comptait 499 habitants selon le recensement de 1930, ils n’étaient plus que 50 en 1950, une fois les Allemands expulsés à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Puis 1 habitant seulement en 1991 ! Sachez aussi que, sous le communisme, les forêts épaisses du massif de la Šumava étaient totalement interdites au public le long de la frontière, c’est aussi pourquoi c’est si sauvage et qu’on traverse aujourd’hui des villages disparus. On est ensuite passés à Radkov puis Mochov.

À un kilomètre au sud de Mochov, à Žežulka, se trouve un vieux moulin à eau en bois déclaré monument culturel. Ce moulin baroque de la première moitié du 18ème siècle a servi de décor a plusieurs films bien connus. Le sentier passe ensuite à Hořejší Těšov et, de là, on est descendus (sentier vert) à travers la vallée Pekelské (la « vallée de l’Enfer ») vers Peklo.

Ce nom de Peklo (« Enfer ») fait référence aux conditions climatiques et naturelles difficiles qui règnent ici mais aussi à l’inaccessibilité et l’éloignement de toute la vallée par rapport à la civilisation.

De Peklo, il ne restait plus qu’un petit kilomètre via le sentier Vintířova stezka pour atteindre le village de Hartmanice et un peu plus d’animation. Après un arrêt à l’épicerie locale (tenue par une personne d’origine vietnamienne comme la quasi totalité des épiceries du pays, même dans un endroit aussi reculé), on s’est mis en quête d’un restaurant pour le déjeuner. Le choix était vite fait car des deux restaurants du village l’un a fermé il y a peu. Celui où nous nous sommes attablés (Restaurace Nad Lípou) n’a pu ouvrir que grâce à une dame réfugiée ukrainienne qui officie en cuisine. Après un plat roboratif vite expédié mais réconfortant, on a quitté le village par le nord (sentier vert à hauteur du cimetière et du terrain de foot où avait lieu un match).

Arrivés à Krušec, on a continué tout droit par le sentier jaune cette fois, via Loučová et Kojšice jusqu‘au petit village de Jiřičná (à 6 km de Hartmanice. Là encore, grossissez la carte à partir du point rouge Hartmanice pour vous orienter aux mieux). C’est là qu’une rencontre était programmée avec Mme Křenová de l’Académie des sciences. Cette spécialiste du parc national de la Šumava a répondu avec une grande gentillesse à toutes nos questions sur la faune et la culture locales. C’est aussi à Jiřičná que se tenait une petite fête de village et où nous avons passé la nuit. Il y a deux options logement dans ce bucolique et charmant village traversé par un ruisseau : l’hôtel Jiřičná et le Outline Centrum Jiřičná qui propose de nombreuses activités sportives dans la région. Dans le village, ce trouve aussi une ancienne cave pour stocker la glace tout en longueur. Joliment restaurée, elle fait aujourd’hui office de café.

Jour 3 Jiřičná – Petrovice u Sušice – Svatobor – Sušice (14,5 km)

Après le petit déjeuner pris à l’hôtel, nous sommes partis pour une troisième et dernière journée de randonnée. De Jiřičná, on a suivi le sentier NS Rýžování zlata en direction de Petrovice u Sušice. Le village de 630 habitants, assez animé en ce dimanche matin où on s’affaire dans les jardins, abrite la petite église gothique de Saint-Pierre-et-Paul ainsi que les vestiges d’un château romain. On a quitté le village en empruntant le sentier bleu passant par Posobice, Žíkov et Dohaličky avant d’arriver au carrefour Úbočí Svatoboru.

Au carrefour, on a pris le sentier jaune en direction de Svatobor. La petite ascension au milieu de la forêt conduit, à 845 m, à une superbe tour d’observation associée à un chalet en bois qui fait aussi restaurant.

La tour en pierre de Svatobor (1894, reconstruite en 1934) mesure 31,6 m de haut. On y accède pour un prix modique. Après avoir gravi 182 marches en bois, s’offre à nous une belle vue panoramique sur toute la région : au nord-est, les hauts plateaux de Bohême centrale, au sud, sud-ouest, le sommet Pancíř dont on avait fait l’ascension le premier jour.

On a très bien déjeuné à Svatobor où jouait également un groupe de musique folklorique dans le cadre d’un petit festival. Une super pause avant d’amorcer la descente à flanc de colline vers Sušice (sentier rouge). Après la visite de la jolie place centrale de Sušice, on a longé la rivière vers le nord et la gare pour une agréable balade de 3 km. Il était alors temps de prendre notre train du retour vers Prague en milieu d’après midi…

Cette balade dans le parc naturel de la Šumava a constitué une très belle expérience. On a été particulièrement impressionnés par le calme et l’immensité de la région où, à cette époque de l’année nous n’avons pas rencontré beaucoup de visiteurs. Si vous aimez marcher, la nature et découvrir de nouvelles contrées, allez-y ! La Šumava, à laquelle j’avais déjà consacré un article en raison de la présence du loup gris, constitue une jolie échappée depuis Prague. Une excursion adaptée aux peits marcheurs (ma fille de 11 ans a adoré et veut déjà repartir !) Une petite escapade facile à organiser qui plus est !

Veillez quand même à réserver vos logements assez tôt. Avec la carte en ligne indiquée plus haut, maps.me et Booking.com qui, grâce au lien « voir la carte » sous le nom de l’hôtel, référence tous les autres hôtels à proximité, vous allez pouvoir organiser sans peine un joli petit périple ! Et n’oubliez pas prévoir K-Way et chaussures de marche bien sûr ! Si vous êtes en voiture, sachez enfin que le joyau Český Krumlov, appelé « la porte de la Šumava » est tout proche !

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