Pour beaucoup de visiteurs, cela restera la plus belle église qu’ils aient vue de leur vie !
Il faut absolument visiter Saint-Nicolas d’autant que le prix du ticket d’entrée est modique (130 CZK soit un peu plus de 5 EUR pour les adultes et 70 CZK soit un peu moins de 3 EUR pour les enfants). L’idéal étant même de la « visiter » à travers un concert (tickets ici). On peut aussi faire l’ascension de son clocher où se cachait la StB, la police politique tchécoslovaque, qui, sous le communisme surveillait les ambassades situées en contrebas du Château. Une visite très sympa ! (voir plus bas, tickets ici).
Ne manquez pas cette église après ou avant votre visite du Château ! Mais attention à ne pas vous tromper, il existe deux Saint-Nicolas à Prague. Ce n’est pas l’église Saint-Nicolas de la Vieille-Ville dont nous parlons mais de l’opulente et très impressionnante église baroque située côté Malá Strana sur la rive gauche de la Vltava.
Classée Monument historique, l’église Saint Nicolas de Malá Strana est le bâtiment baroque le plus important de la ville et se trouve au pied du Château. Et, comme vous l’apprendrez en toute fin d’article, son clocher se visite et servait de poste d’observation à la police secrète, la StB, sous le régime communiste…
L’histoire de l’église Saint Nicolas
L’église Saint-Nicolas (en tchèque : Kostel svatého Mikuláše) est un église catholique de style baroquesituée au cœur du paisible quartier de Malá Strana. C’est un élément essentiel du panorama de la rive gauche de la rivière Vltava. Édifiée au 17ème siècle par les Jésuites, c’est l’une des églises les plus visitées de Prague (avec la fameuse cathédrale Saint-Guy du Château). C’est même l’un des plus beaux monuments baroques du Nord des Alpes et le plus joli bâtiment baroque de toute la Bohême.
Si une église gothique vouée à Saint Nicolas se trouvait déjà là en 1283, l’église actuelle a été construite dans la seconde moitié du 17ème siècle par les Jésuites. Après la bataille de la Montagne Blanche (1620) et dans le cadre de la recatholicisation du pays, les Jésuites sont en effet venus éradiquer les symboles de l’église hussite, variante tchèque du protestantisme en terre de Bohême. Le style Renaissance est alors remplacé par le baroque associé à la Contre-Réforme et à la domination des Habsbourg.
Une construction sur près d’un siècle !
Les travaux de construction de Saint-Nicolas ont pris presque 100 ans (1673-1752). La construction des bâtiments baroques par les Jésuites débute dès 1673 mais la phase essentielle de la construction commence après 1702 selon des plans attribués à Christophe Dientzenhofer à qui l’on doit la façade du bâtiment, le transept et les nefs. La façade triple monumentale, avec son entrée principale et deux entrées latérales, illustre bien les principes du baroque dynamique. L’architecture intérieure de l’église est fondée sur l’interpénétration des formes. Après la mort de Dientzenhofer en 1722, l’abside, la tour et les nefs croisées sont terminées par son fils Kilian Ignace Dientzenhofer (architecte aussi à Prague de la façade principale de Notre-Dame-de-Lorette, de l’église Saint-Nicolas de la Vieille Ville cette fois, de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode…) Le clocher, particulièrement élevé, est finalement terminé par Anselmo Lurago en 1752. Si des messes sont célébrées dans une partie de l’église dès 1711, l’église est donc finalement consacrée en 1752.
Une architecture riche et un décor fantaisiste
Les dimensions de l’église sont impressionnantes : 60 m de long, 40 m de large, un transept long de 30 m, des fondations profondes de 14,5 m, une coupole extérieure de 70 m pour une circonférence de 20 m…
L’intérieur de l’église présente une architecture très riche, basée sur diverses formes géométriques entremêlées. Kilian Ignac Dientzenhofer s’inspire beaucoup du travail de son père dans un style plus décoratif et emphatique. Si la géométrie de l’architecture sacrée est respectée, l’architecte joue avec l’espace. Avec une fantaisie illimitée, il met en parfaite harmonie les formes géométriques : alternance de parois concaves et convexes, rupture des rythmes architecturaux tout en maintenant un certain équilibre… On y trouve par exemple des colonnes en biais ou des courbes de consoles qui contrastent avec des lignes droites. Luxuriance décorative enrichie d’effets illusionnistes… Il faut émouvoir les âmes.
Les bâtisseurs de l’église Saint Nicolas se font de dignes représentants de l’architecture baroque flamboyante (opulence, courbes et irrégularité). Lors de la construction, tous les éléments caractéristiques de ce style sont utilisés pour renforcer l’impression de monumentalité et de dramatisme qui opère bien croyez-moi quand on déambule dans la nef pour admirer les statues gigantesques. La coupole est entre autres décorée de statues d’Ignaz Platzer (seconde moitié du 17ème siècle, voir plus bas) et de R. Platzer (seconde moitié du 19ème siècle).
L’intérieur est monumental et la décoration on l’a dit exclusivement baroque. Les plus grands maîtres de la peinture et de la sculpture baroque tchèque ont pris part à la décoration et les mots manquent pour décrire toute la richesse des décors… La fresque du plafond de la nef principale, monumentale, est l’une des plus grandes d’Europe (1 500 m2). Une fresque qui illustre le thème de l’Apothéose de Saint Nicolas (une légende lui est associée, lire ici) et qui, comme les retables, sont du peintre viennois Jan Lukáš Kracker dont le style est inspiré par la Renaissance italienne tardive et ses contemporains vénitiens. D’autres fresques, comme celle de la coupole, sont de František Xaver Palko avec ses peintures trompe-l’œil de couleur claire (nombreux saints avec le Messie, Dieu le père sur fond de ciel…) Au total Saint-Nicolas offre 3 000 m2 de fresques et peintures murales !
Mais les ornementations les plus célèbres de l’église sont les tableaux de Karel Škréta, un des plus grands peintres baroques tchèques : La Crucifixion (1646) dans la chapelle Sainte-Barbe et, au premier étage, un cycle de 10 tableaux appelés La Passion (années 1760). La cinquantaine de sculptures ont elles été exécutées dans les ateliers d’Ignác František Platzer. Les plus remarquables d’entre elles représentent des patrons jésuites. Adossés aux piliers des vaisseaux, leurs dimensions sont surhumaines. Saint-Nicolas est aussi l’une des rares églises catholiques décorées de reliefs de saints de l’Eglise orientale.
L’orgue de l’église à 4000 tuyaux sur lequel joua W. A. Mozart (1745-1746), date du 18ème siècle. Des concerts sont régulièrement organisés.
Sous l’église, des couloirs médiévaux labyrinthiques et un espace dans lequel les Jésuites donnaient des pièces de théâtre seront peut-être un jour accessibles au grand public.
9h-16h (souvent 17h ou 18h mais variable selon les mois et les jours)
Ce n’est pas tout ! C’est un ticket différent mais n’hésitez pas à faire l’ascension du clocher de l’église Saint-Nicolas (tickets ici). Mes enfants ont adoré ! (Prague regorge de clochers et cela plaît souvent aux plus jeunes).
Il faut effet gravir les 215 marches en bois permettant d’accéder à la galerie à 65 m de hauteur. La récompense ? Une très jolie et insolite vue sur les toits du quartier de Malá Strana.
Le clocher (1755) fut le dernier à Prague à servir de tour de guet. On y sonnait l’alarme en cas d’incendie ou de présence ennemie aux portes de la ville. La tour a toujours appartenu à la municipalité, et non à l’église d’où le numéro de maison au-dessus de la porte d’entrée. La hauteur de la tour et la même que celle de la coupole de l’église soit 79 mètres au-dessus du niveau du trottoir ! Après avoir monté les nombreuses marches en bois, les visiteurs peuvent découvrir dans le clocher l’appartement du gardien (seconde moitié du 18ème siècle) et sa « cuisine noire » : une pièce recouverte de suie réservée au chauffage et à la cuisine. Des conditions de vie difficiles qui faisaient que les gardiens étaient fréquemment remplacés. Rares étaient ceux qui appréciaient de vivre là-haut tout l’hiver et ce malgré la jolie vue ! Un gardien qui perdura jusqu’en 1891.
Dans les années 1960, le cloche servait aussi à l’ancienne police secrète communiste, la StB, qui y avait installé dès 1952 un poste d’observation étroit sous le toit pour surveiller les ambassades des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne de l’ouest ou du Japon situées à proximité. D’ailleurs les diplomates avaient des surnoms atypiques comme des noms de planète ! Pas bêtes, les dissidents se réunissaient eux parfois au pied du clocher pour échanger documents ou livres publiés illégalement car ils savaient qu’ils ne pouvaient alors pas être vus.
Notez aussi les photos de footballeurs et étiquettes de bières collées sur les murs (décoration d’origine) ! Il y avait même un urinoir relié à la gouttière et aux gargouilles pour que les agents n’aient pas sans arrêt à descendre et à monter. Sous le régime communiste, près de 70 bâtiments servaient ainsi de postes d’observation. Les agents de la StB contrôlaient la circulation du haut du palais Lažanský qui abrite le célèbre café Slavia alors fréquenté par artistes et dissidents. Un autre poste était installé dans la tour Mánes toute proche, en face de l’appartement de Václav Havel, qui habitait le dernier étage d’un immeuble de l’actuel quai Rašín. Aucun poste d’observation, à l’exception de celui du clocher de l’église Saint-Nicolas n’est aujourd’hui accessible.
Clocher de l’église Saint-Nicolas (Svatomikulášská městská zvonice)
Malostranské náměstí 29
10h-18h au minimum tous les jours (9h-21h juin-juillet-août)
Tickets ici (sur place, tarif réduit 130 CZK soit 5,5 EUR pour enfants de 6 à 15 ans, étudiants de moins de 26 ans, personnes de plus de 65 ans ; réduction de 50 % chaque jour, pendant la première heure d’ouverture).
Très beaux commentaire superbement illustré
Merci Jean-Luc !
Merci Jean-Luc !