D’émouvants petits pavés dorés à Prague : un hommage aux victimes du Nazisme

Le patrimoine architectural de Prague est exceptionnel et vous aurez souvent le nez en l’air en visitant la « ville aux cent clochers ». Pour admirer toits et façades, dont les détails échappent même aux habitués, il faudra lever la tête. Mais vos yeux seront peut-être aussi attirés par un reflet brillant au sol. Un reflet émanant de petits pavés carrés qui se démarquent des autres (Prague est une ville pavée, ce qui lui donne un charme fou !) Il s’agit de stolpersteine, d’émouvants petits pavés mémoriels en hommage aux victimes du Nazisme entre 1933 et 1945. Ils sont apparus à Prague dès 2008 dans le quartier juif et on en compte aujourd’hui plus de 460. 50 nouveaux pavés environ sont installés à Prague chaque année après un long travail de recherche dans les archives et de communication avec les autorités compétentes et les descendants. Pour les familles des victimes, et en l’absence de tombes, ils constituent de vrais lieux de recueillement.

Littéralement, stolpersteine signifie « pierres qui font trébucher » mais pas d’inquiétude, vous ne tomberez pas. Pourquoi ce nom ? Parce qu’avant la Shoah, un non-Juif qui trébuchait s’exclamait « Il y a un Juif enterré ici ! » Pour mieux comprendre ce vieux proverbe allemand, je vous invite à visiter le vieux cimetière juif de Prague et son enchevêtrement de tombes !

Chaque pavé mémoriel (10 centimètres de côté et recouvert de laiton) est bien enfoncé dans le sol. N’affleure que la face supérieure du cube gravée. On honore ainsi la mémoire d’une personne déportée et tuée dans un camp de concentration ou d’extermination. Créés par l’artiste berlinois Gunter Demnig (qui a commencé ce « travail » à Cologne en 1993), ces pavés ont été encastrés sur le trottoir en face de la dernière adresse des victimes qu’elles soient juives, Roms, membres de la Résistance ou homosexuelles. 


Un hommage à tous les déportés vers les camps


Présentes aujourd’hui dans de nombreuses villes d’Europe (il y en a plus de 88.000 dans 26 pays), la gravure mentionne « Ici habitait… », nom, date de naissance et destin individuel de chaque victime (avec dates de déportation et lieu et date de la mort si connus). Ce destin s’apparentait souvent à Prague, à partir de novembre 1941, à une déportation depuis la gare praguoise de Bubny vers la forteresse de Terezín (Theresienstadt) à une cinquantaine de km au nord-ouest de Prague, où le poète français Robert Desnos est mort du typhus et souvent évoquée dans les films documentaires de Claude Lanzmann. Un lieu de mémoire (33 000 Juifs y sont morts et 88 000 autres y ont transité avant Auschwitz) qui se visite.

Autres lieux de mémoire à Prague que je peux vous conseiller, le mémorial Jan Palach ou l’église Saints-Cyrille-et-Méthode. Quant aux pavés mémoriels, vous en trouverez par exemple en plein centre sur le trottoir à hauteur du n° 37 de la rue Štěpánská ou au n°4 de la rue Lazarská en hommage à la famille Prager.

Pour plus d’infos sur ces émouvants pavés à Prague, consultez cette page Facebook. tenue par un résident praguois anglais et non-Juif  qui se dévoue au nettoyage des pavés depuis 2018, en répertorie la carte et fait des recherches sur les disparus.

2 Comments

  1. Bonjour et merci!!!
    Nous partons samedi pour 5 jours avec 2 ados. Pensez-vous que la carte ( preconisée dans bien des guides) a un intérêt pour nous? Nous allons réqider dans le quartier de Vinarhody!!!merci pour votre éclairage!!

    1. Bonjour, tout d’abord vous ne pouviez pas faire meilleur choix qu’un hôtel dans le quartier de Vinohrady ! Prague 2 est un super arrondissement ! La carte Prague Card, cela dépend des visites programmées. En 5 jours, vous aurez le temps de visiter Château et Musée juif par exemple donc regardez les prix et comparer avec le prix de la carte. Ce qui est sûr et ce que je répète toujours, c’est que Prague est une ville verte avec un patrimoine architectural unique. Donc prenez le temps de vous balader, arrêtez-vous dans les cafés historiques, profitez de cette magie. Inutile de s’enfermer dans les musées. On ne peut pas tout voir, je conseille donc une visite payante de musée ou monument par jour. Le reste du temps doit être consacré aux balades ! Bon séjour et donnez-moi votre opinion au retour !

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